Pour une culture sans complaisance face aux violences faite aux femmes, est le titre d’une longue lettre ouverte du Comité́ de mobilisation de la Table de concertation féministe de la Gaspésie-les-Îles, destinée aux diffuseurs culturels, lequel comité a senti le besoin de leur faire parvenir ses réflexions quant aux choix d’artistes dans les programmations à venir.
La culture du viol ne se résume pas à des gestes isolés, s’indigne le comité, c’est un système de représentations et d’attitudes qui banalise les violences sexuelles, minimise la gravité des agressions et protège trop souvent les auteurs plutôt que les victimes. Elle s’exprime lorsqu’on met en doute la parole d’une personne agressée, lorsqu’on justifie un comportement violent par le talent ou la notoriété d’un individu, estiment les signataires.
La célébrité́ n’est pas un droit. Être artiste, c’est un privilège qui vient avec une responsabilité sociale. Lorsqu’une personne a commis des gestes violents, elle ne perd pas nécessairement son talent, mais elle perd la légitimité morale d’occuper l’espace public comme si rien ne s’était passé, juge le comité.
Par ailleurs, donner une scène à une personne reconnue pour des comportements d’agression ou de harcèlement, poursuit-on dans la lettre, c’est raviver les blessures de celles et ceux qui ont eu le courage de parler. C’est aussi envoyer un message troublant, à savoir que « la carrière d’un homme vaut plus que la sécurité et la dignité des victimes », peut-on lire, entre autres.
